12.7.25 Introduction à "Expériences en rouge d'Andrinople" (en anglais) chez Catharine Ellis. Le rouge d'Andrinople (en anglais: turkey red) est une technique efficace pour générer de beaux rouges solides sur du coton, qui est la quête de bien des teinturiers amateurs: le rouge est dense, résiste à la lumière et aux lavages.
Introduction à "Expériences en rouge d'Andrinople" (en anglais) chez Catharine Ellis, 20/9/2024. Voir aussi autres sources.
Le rouge d'Andrinople (en anglais: turkey red) est une technique efficace pour générer de beaux rouges solides sur du coton, qui est la quête de bien des teinturiers amateurs: le rouge est dense, résiste à la lumière et aux lavages.
La procédure, qui date du XIXè siècle, a été modernisée.
Même modernisée, la recette reste laborieuse. Quand on aime le rouge, on ne compte pas! Je suis dans une semaine de teintures de rouges, je m'y lancerai sous peu.
Sur son formidable blog, Catharine Ellis partage ses tests de mi-2024, avec la finesse et la précision habituelle. Quel grand maître de la teinture naturelle ET de la méthode scientifique, documentée! Je rêve que toute la mouvance des teinturiers naturels s'en inspire - moi comprise! En effet, je ne suis teinturière qu'une semaine deux fois par an, ce qui n'est pas un laps de temps suffisant pour produire un travail d'aussi belle qualité d'investigation. Je le fais plutôt en nutrition, mon champ principal d'intérêt depuis 30 ans. Par ailleurs, les semaines où je teins, je continue mon boulot principal d'éditeur. Je dois donc trouver une heure par-ci une heure par-là pour amorcer une session de teinture et laisser les bains sans surveillance pendant que j'ai d'autres activités. Cela me donne une approche bien différente des vrais teinturiers, qui y consacrent des journées entières. Ceci étant exposé pour donner le contexte général.
Au début de mes pérégrinations en teintures, j'ai cru que cette technique de rouge d'Andrinople était un rituel, une marque de religiosité envers les Anciens. Que nenni. Il suffit de voir les tests de résistance au lavage de Catharine Ellis.
On voit en image 1 que le fil teint en 3 passages de rouge d'Andrinople est bien plus rouge, à 50% pdf pourtant.
Mais une couleur fraîchement produite ne veut RIEN dire. Il faut l'exposer au soleil, au frottement, au lavage pour en évaluer la qualité. C'est l'étape que tant d'entre nous oublient.
On voit en image 2 un tissé main par Ellis, sur chaine gris foncé: à gauche, non lavé; à droite, lavé 10 fois en machine - en haut rouge d'Andrinople, en bas mordançage classique tanin/alun.
Il est clair que le rouge turc n'est pas un mythe.
Ingrédients pour produire du rouge d'Andrinople:
* de la racine de garance, sources connues,
* et de l'huile de ricin sulfonée (ou "sulfatée", sulfonated castor oil ), qui est hydrosoluble après traitement à l'acide sulfurique.
On peut l'acheter auprès des fournisseurs de matériel de savonnerie (elle est la base des huiles de bain), ou par exemple chez https://couleur-garance.com/boutique/droguerie/mordants/huile-de-ricin-sulfonee/
Compter autour de 65-70€ le litre - +- 8€ pour 100ml, soit deux essais d'un litre de bain. Jim Liles utilise 50ml d'huile par litre d'eau pour le bain de mordant.
Dans son livre Plantes colorantes Teintures Végétales (le nuancier des couleurs) de 2006, on trouvera page 15-18 le résumé et la recette. C'est là qu'au début j'ai le mieux compris la procédure: traiter avec un corps gras hydrosoluble trois fois, avec séchage intermédiaire; puis éliminer l'excédent de gras par un bain de carbonate de soude (1 cc par litre) avant de rincer. Pas de test comparatif de résistance, comme chez Ellis.
Jim Liles décrit 3 techniques pour un mordant à base d'huile (pages 116 à 117).: nr 1, fabriquer du savon de ricin à la lessive de cendres et nr 2 émulsifier une huile au carbonate de potasse. Il achète le mordant nr 3, l'huile de ricin sulfonée, car la production est trop complexe (débit contrôlé, agitation, température, etc.). Pas de test comparatif de résistance, comme chez Ellis.
L'encyclopédie "Teintures naturelles" de Dominique Cardon comporte deux pages sur le sujet (117-118 dans ma version anglaise).
Dans un ancien syllabus de Michel Garcia, qui date de son époque chez Couleur Garance (nr 7, juillet 1999), il communique une recette pour produire une huile tournante, qui ressemble à la base pour saponifier de la cire ou de l'huile (une base pour la solubiliser?): il mélange de la lessive de cendres maison très dense avec de l'huile de foie de morue. Il fait bouillir le tissu dans de l'eau additionnée de cette huile tournante(1 verre par litre d'eau). Sécher. Dégraisser au savon. Puis AA.
Pourquoi de l'huile de poisson? Parce qu'elle rancit si vite? Si oui, alors je peux prendre n'importe quelle huile très riche en polyinsaturées, qui s'oxyde très vite?
Ce billet sera inclus dans le récapitulatif avant publication finale du fascicule nr 8 de Slow-dye: teintures naturelles pour les curieuses et les flemmardes
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